Il y a deux ans, la Semaine «Trop chère la vie» était organisée par le collectif Esquifs, le réseau Trapes, le Centre d’appui-médiation de dettes, le Gsara et Culture & Démocratie. On y avait débattu des dettes de loyer, de santé, alimentaires ou d’énergie. Cette année, le concept se réinvente sur des thèmes approchants mais de manière itinérante, alliant discussions et créativité, qui seront présentés en fin de processus.
Maison de la création. Boulevard Émile Bockstael à Laeken. Le 11 mars dernier. Une cinquantaine de personnes, issues entre autres de groupes d’alphabétisation de l’asbl La Chom’hier et Vie féminine, sont réunies dans le hall de l’ancien hôtel de ville. Des ateliers vont se dérouler afin de recueillir la parole des participants sur l’argent et le manque de ressources financières. Avec l’utilisation de jeux pédagogiques comme la Galette de blé, visant à l’apprentissage de la gestion du budget, ou le Train des émotions, qui aborde la question du ressenti face à des situations de vie. À partir d’autres techniques comme des phrases d’amorçage pour susciter la parole et provoquer la réaction, comme: «La société est sûre, abondante et amicale» ou encore d’un micro-trottoir sur le thème: «Selon vous, comment devient-on pauvre?», les participants ont été amenés à s’exprimer sur leur rapport à l’argent et leur vécu, leurs expériences à cet égard. La question des loyers et de l’accès au logement est revenue souvent, mais aussi des protections sociales qui existent dans notre pays ou encore l’obligation quand on a peu de faire d’autant plus attention. Se sentir moins seul, prendre la parole, se donner des forces, c’est aussi l’objectif de ces demi-journées d’animation.
Chacun des ateliers a été mené par des animateurs issus du réseau Trapes, qui se sont formés à l’exercice, un membre d’Esquifs ou encore des membres du centre d’accueil Abbé Froidure des Petits Riens ou encore du Centre social protestant, qui ont rejoint l’aventure pour cette édition. Tous ces ateliers tournent autour de la même question: «Comment s’organise-t-on quand on a des difficultés financières?»
Transformer les mots en créations
Le 18 mars, soit une semaine plus tard, les mêmes participants ont été invités à se réunir à nouveau. Cette fois pour transformer la parole en gestes créatifs, en reprenant les réflexions qui ont émergé de la première session pour en faire des créations. Différents ateliers sont proposés par les animateurs de cette Caravane, comme l’utilisation de l’argile pour modeler des objets de la vie courante, l’écriture pour créer de courts textes et exprimer qui on devient quand on vit avec peu, la création textile pour mettre des mots qu’on veut faire entendre à même des vêtements, le théâtre pour créer des images individuelles et collectives, et la création de masques, ceux qui nous ressemblent ou derrière lesquels on se cache, qui nous libèrent ou nous emprisonnent. Les ateliers de création d’affiches et de découpage/collage seront organisés lors des éditions suivantes.
Ces deux matinées, à une semaine d’intervalle, seront proposées dans cinq lieux d’ici au mois de juin, d’où l’appellation de «caravane». Le prochain rendez-vous aura lieu au DK, rue du Danemark 70b à Saint-Gilles, les 5 et 12 avril de 9 h 30 à 12 h 30. Là aussi, des associations sont invitées à faire circuler l’information pour permettre aux intéressés de rejoindre le voyage. Les 19 et 26 avril, c’est à Schaerbeek, salle Rasquinet (rue Josaphat 109), que la caravane posera ses valises; ensuite au Piment à Molenbeek (rue de la Colonne 56), les 16 et 23 mai puis les 3 et 10 juin à Elsenhof (avenue de la Couronne 12).
Et en fin de processus…
À l’arrivée, les 13 et 14 novembre prochain, c’est un mini-festival que cette organisation organisera cette fois au centre culturel Bruegel, afin de présenter les créations engrangées lors des différentes éditions, mais aussi en faisant revivre les ateliers qui ont permis l’émergence et l’expression des participants.
Des spectacles, performances, lectures de textes et autres rencontres seront également au programme de ces deux journées festives. Des propositions seront également faites à cette occasion pour améliorer les conditions de vie des plus précaires.
Nathalie Cobbaut
Pour tout contact et informations: Rémi Pons pour Esquifs – 0488/87 14 79 – remi@esquifs.be; Corinne Vande Casteele – 0493/29 28 26 – corinne@trapes.be.